RANDALL BRAMBLETT Devil Music

Quand un artiste de la trempe de Randall Bramblett sort un album, on se précipite pour l’écouter et on est généralement comblé. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et, en dépit du profond respect dû à un tel musicien, je dois admettre que le père Randall a mis à côté de la cible avec son dernier disque. Quelques invités prestigieux lui ont prêté main forte mais cela ne semble pas avoir suffi à recréer la magie de son album précédent (« The bright spots » en 2014). Ainsi, la guitare de Mark Knopfler ne sauve pas « Dead in the water », un titre au tempo médium sans grande originalité. « Devil music » joue dans le même registre avec un côté funky en plus. Chuck Leavell intervient avec talent sur le jazz/swing « Reptile pilot » mais ne peut sortir ce morceau de la banalité. « Strong for love » (qu’on pourrait qualifier de « hard funk ») et « Missing link » (un morceau funky soul avec des cuivres) ne font pas non plus grande impression. Ça s’améliore un peu avec « Bottom of the ocean » et sa guitare rythmique compliquée mais accrocheuse ainsi que son bon solo de six-cordes. « Angel child » reprend la même recette avec la slide de Derek Trucks en prime. Le solo de guitare de « Pride in place » sonne très Deep Purple tandis que « Ride », lent et intimiste, se teinte de colorations à la Gregg Allman. Enfin, le mélodique et enlevé « Thing for you », orné d’un solo de saxo, semble calibré pour les radios américaines. Mais ces quelques titres ne réussissent pas à réhabiliter ce disque qui laisse effectivement un sentiment de déception. Les tempos ne sont pas suffisamment variés et la section rythmique s’entête à sonner « actuel », dans le style « r n’ b ». Randall a peut-être voulu élargir son public mais plutôt que d’intituler son album « Devil music » (surnom donné au blues), il aurait mieux fait de choisir le terme « Modern music ». Là, on se serait méfié et on aurait évité la mauvaise surprise. Bon, j’arrête mes jérémiades et je vais me réécouter « The bright spots ». Ça, c’était du grand art ! Espérons qu’il rattrapera le coup l’année prochaine.

Olivier Aubry